Y a t il plus de cyclones dans l oce an indien

L’activité cyclonique est-elle en train de déraper dans l'océan indien Sud ?

Le 31/07/2023 à 16:10 0

Dans Le coin expert

IDAI, BATSIRAI, FREDDY, intensification explosive, activités courtes mais intenses… Les dernières saisons cycloniques dans l'océan indien Sud n'ont pas été de tout repos. Le changement climatique est-il en œuvre ? L’activité cyclonique est-elle en train de déraper dans cette partie du globe ? Voyons ce qu’il en est réellement.

Points clés

  • Pas d'augmentation du nombre de systèmes par décennie
  • Pas d'augmentation du nombre de cyclones par décennie
  • Diminution de l'activité cyclonique durant la décennie 2010
  • Une part plus importante de CAT 5 au cours des années 2010

Cyclone et changement climatique, une relation qui pose question

Le changement climatique influence t-il l’activité cyclonique dans l’océan indien Sud ? Voilà une question que beaucoup se posent. Il faut dire que les récents et dramatiques épisodes cycloniques dans cette région du monde donnent l’impression que les cyclones sont devenus plus violents et agressifs.

Cette impression est-elle justifiée par les faits ? Peut-on dire que le nombre de phénomènes par saison a augmenté ? Le nombre de cyclone a-t-il grimpé ? Le nombre de phénomènes extrêmes a-t-il explosé ?

Bien entendu, il est impossible d’avoir une réponse claire et définitive. Néanmoins, grâce aux données et archives du JTWC ainsi que de la NOAA, essayons de démêler le vrai du faux. L’activité cyclonique dans l’océan indien Sud s’est-elle déréglée ? Voici ce que nous disent les chiffres.

Est-ce que le nombre de phénomènes par saison a augmenté ?

Rappelons tout d’abord que le bassin Sud de l’océan indien pour le JTWC s’étend des côtes africaines jusqu’au méridien 135E. D’autre part, l’intensité est indiquée en nœud (kt) et en vent soutenu (sur 1 min). L’échelle de Saffir-Simpson est utilisée pour la classification des systèmes. 

Enfin, les données sont issues de la best-track du JTWC, ainsi que des archives de la NOAA à partir de la décennie 90 jusqu’à la décennie 2010. La décennie 90 correspond à l'avènement de l’ère des satellites géostationnaires et à la révolution numérique. Tout ceci contribue à rendre l’estimation d’intensité plus homogène et proche de la réalité.

À la première question, la réponse est non! Et on peut même dire qu’il a diminué. En moyenne environ 16 systèmes (tempêtes et cyclones confondus) ont été observés durant les décennies 90 et 2000. Une légère baisse est même constatée lors de la décennie 2010 avec une moyenne d’environ 14 systèmes.

NOMBRE MOYEN DE SYSTÈMES PAR DÉCENNIE

Y a-t-il plus de tempêtes évoluant en cyclone tropical ?

Sur ce point il n’y a guère d’évolution. Les moyennes restent relativement stables et proches (environ 8 pour la décennie 2010, 9 pour les décennies 90 et 2000). 

Il est à noter que l’énergie cyclonique accumulée (ACE) par décennie est sur une pente descendante. La décennie 90 caracole en tête avec un ACE moyen de 153, dont plusieurs saisons avec un indice supérieur à 200 dont la fameuse saison 1993/1994. L’ACE moyen passe à 144 pour la décennie 2000 et chute à 118 pour la décennie 2010.

Ce qui frappe immédiatement aux yeux, c’est le coup de mou de l’activité cyclonique sur la décennie 2010. Les saisons 2010/2011, et 2016/2017 furent faiblement actives avec des indices ACE parmi les plus faibles au cours de ces 3 décennies. La saison 2015/2016 fut également très discrète, mais marquée par l’épisode FANTALA (CAT 5) qui a permis à l’ACE d’être moins ridicule.

ACE MOYEN PAR DÉCENNIE

Y a-t-il plus de phénomènes majeurs ?

Sur l’échelle de Saffir-Simpson, les systèmes majeurs sont les cyclones ou ouragans de catégorie 3, 4 et 5. Cela correspond à des phénomènes dont les vents soutenus sur 1 min sont estimés à au moins 96 kt (178 km/h). Là on entre dans une catégorie de phénomène au potentiel destructeur très important et donc très dangereux.

D’après la best-track du JTWC, il n’y a pas d’orgie de phénomène majeur sur ces 30 années. En moyenne, il a été observé entre 4 et 5 cyclones majeurs par décennie. 

Y a-t-il plus de phénomènes extrêmes ?

Jusqu’à présent, le diagnostic des données ne montre aucune évolution significative en termes d’activité cyclonique depuis la saison 1989/1990 dans l’océan indien Sud. Les différents éléments observés (nombre de système par saison, nombre de cyclone, ACE) suggèrent une activité d’abord stable puis à la baisse.

En revanche, qu’en est-il des phénomènes extrêmes et notamment des cyclones atteignant la catégorie 5 sur l’échelle de Saffir-Simpson. Pour info, cette catégorie représente le sommet de l’échelle d’intensité avec des vents soutenus d’au moins 137 kt (252 km/h). Ce sont des phénomènes d’une puissance effrayante, pouvant générer des rafales largement supérieur à 300 km/h et des marées de tempêtes mortelles.

Sur ce point, une évolution à contre-courant des autres éléments est observée. Les années 90 et 2000 sont stables avec respectivement 4 et 5 catégorie 5. Mais alors que l’activité pic un peu du nez durant les années 2010, on compte 8 cyclones de catégorie 5 sur cette décennie.

Sur les systèmes majeurs (catégorie 3, 4 et 5 confondus), environ 8% étaient des catégorie 5 durant les années 90, 9% durant les années 2000 et 17% au cours de la décennie 2010. Il y a donc clairement un bond du nombre de catégorie 5 comparativement aux 2 décennies précédentes.

PART DE CAT 5 PARMI LES SYSTÈMES MAJEURS

Peut-on en conclure quelque chose ?

À la lumière des données du JTWC, il ressort que l’activité cyclonique n’a pas connu de bouleversement majeur ou de coup de folie au cours de ces dernières décennies à l’échelle de l’océan indien Sud. Si de grande variabilité sont constatés saison après saison, ramené à l’échelle d’une décennie on peut voir que l’activité cyclonique présente globalement une certaine stabilité voire une légère baisse.

Toutefois, la part importante de catégorie 5 durant la décennie 2010 interpelle forcément. Est-ce une nouvelle donne ou simplement un cycle temporaire ? Impossible de répondre à cette question. Nous verrons ce qu’il en sera de la décennie 2020.

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