Histoire alerte cyclonique la reunion

Historique du système d'alerte cyclonique à la Réunion

Le 17/10/2018 à 17:31 0

Dans Cyclones du passé

Le système d'alerte cyclonique de la Réunion va-t-il changer? Avant une éventuelle réforme, retraçons l'histoire de l'alerte cyclonique à la Réunion.

Histoire alerte cyclonique la reunion

La saison cyclonique 2017/2018 aura été rude pour le système d'alerte cyclonique de l'île de la Réunion. Les épisodes BERGUITTA mais surtout FAKIR auront mis à jour les failles du système actuel. Ces deux phénomènes ont eu une évolution très particulière qui ont mis à mal la prise de décision. 

Comment prendre la meilleure décision quand le sud de l'île se trouve sous des trombes d'eaux exceptionnelles tandis qu'il ne se passe rien de rien sur le nord? Comment prendre la meilleure décision quand une tempête au lieu de s'effondrer trouve des ressources insoupçonnées pour devenir un cyclone? 

La polémique aura été si puissante quelle est arrivée jusqu'aux oreilles des plus hautes autorités de l'Etat. Le système d'alerte sous sa forme actuelle fera peut-être l'objet de modifications pour la saison cyclonique 2018/2019. Il s'agirait alors d'une énième modification comme le siècle dernier en aura vu.

Balbutiement au début du XXe siècle

Le système d'alerte cyclonique est un moyen de prévention permettant de faire face au risque cyclonique. Il s'agit d'un plan d'urgence opérationnel qui a été mis en oeuvre afin d'organiser la sécurité civile et prévenir la population. Le premier vrai système de prévention cyclonique dans l'océan indien sud-ouest remonte au début du siècle précédent, avec la création d'un système de transmission télégraphique d'avis de cyclone. Lorsque l'on soupçonnait la présence d'un phénomène cyclonique, les stations météorologiques de Madagascar, la Réunion et Maurice s'échangeait plusieurs télégrammes par jour pour décrire les conditions météorologiques.

A partir des année 30, lorsque la Réunion était menacée, un télégramme spécial intitulé "DANGER DE CYCLONE" était affiché sur la porte des mairies. L'arrivée d'un tel télégramme était annoncé à la population à son de trompe ou de caisse ou d'un système de sonnerie de cloche. A partir de là, il était de la responsabilité du maire de prendre toutes les dispositions et précautions nécessaires pour assurer la protection de la population. Si le danger était passé, un deuxième télégramme intitulé "FIN DE L'ALERTE" était également affiché comme pour le premier.

Alerte

Exemple de télégramme "CYCLONE A CRAINDRE" (1945)

Un nouveau système sera mis en place à partir des années 40. Celui-ci comprend désormais 3 niveau, "CYCLONE A CRAINDRE", "CYCLONE EN APPROCHE - DANGER" et lorsque toute menace est écartée "TOUT DANGER DU CYCLONE ÉCARTÉ". Ces différentes phases d'alertes sont adressées à tous les bureaux administratifs et postes de l'île par tout moyen (TSF, téléphonique et télégraphique). D'ailleurs, c'est ce système qui sera mis à l'épreuve du terrible CYCLONE 1948.

Années 50 naissance du plan ORSEC et nouvelle réforme du système d'alerte

Nouveau changement du système d'alerte dans les années 50. A partir de 1959, le plan d'alerte est accompagné d'un plan de secours avec l'activation des services de sécurité de chaque commune dès le déclenchement du premier niveau d'alerte. C'est la naissance du plan ORSEC. 

Le nouveau système comprend toujours 3 niveau, "ALERTE PRÉPARATOIRE", "ALERTE DE DANGER IMMÉDIAT" et enfin "FIN D'ALERTE". Pour alerter la population les sirènes, le tocsin et les fusées pour les pêcheurs étaient utilisés de manière très précise en fonction du niveau d'alerte.

Ce système d'alerte sera durement éprouvé à l'occasion de l'exceptionnel cyclone JENNY le 28 février 1962. Ce cyclone présentait par certains aspects des similitudes avec FAKIR (2018). JENNY était un système de petite taille et se déplaçait à grande vitesse. Le service météorologique ainsi que les autorités de l'époque auront été pris de court par ce phénomène violent et très mobile.

L'enchaînement de l'alerte aura donc été réalisé dans la précipitation. Les conditions paroxysmiques de JENNY débutent peu après 11h30. Pourtant, le premier niveau d'alerte ne sera déclenché qu'à 10h30. Quant à l'alerte de DANGER IMMÉDIAT, les autorités n'auront même pas le temps ni les moyens de la déclencher, les moyens de communication étant rompus.

La polémique qui a suivi sera si vive qu'on en parle encore plus de 50 ans après! Une faille dans la communication entre le service météorologique et la préfecture fut sans doute à l'origine de ce dysfonctionnement. Mais les leçons de JENNY permettront par la suite l'amélioration de la communication de l'information des services météorologiques aux services de l'Etat et à la population.

Les alertes prennent des couleurs

Le système d'alerte évolue de nouveau sous forme de chiffre cette fois-ci. Si il subsiste toujours 3 niveaux, on parle désormais d'"ALERTE I", "ALERTE II" et "ALERTE III". Ce système restera inchangé pendant près de 30 ans avant qu'une nouvelle réforme voit le jour dans les années 90.

L'amélioration fulgurante des moyens et technologies de prévisions cycloniques ont conduit à réfléchir sur un système permettant de limiter la paralysie de la vie économique et sociale de l’île. En 1994, le système est donc réformé pour prendre des couleurs "VIGILANCE CYCLONIQUE", "ALERTE ORANGE" et "ALERTE ROUGE". Le deuxième niveau d'alerte à savoir l'ALERTE ORANGE entraîne la fermeture des établissements scolaire au lieu de l'ALERTE I comme cela était le cas pour l'ancien système.

Alerte cyclone la reunion

Système d'alerte cyclonique actuel

Au début des années 2000, ce système connaît des améliorations. Une "PHASE DE PRUDENCE" (qui deviendra PHASE DE SAUVEGARDE) complète le dispositif, signifiant l'éloignement du cyclone mais la persistance de danger nécessitant le maintient de la prudence de la part de la population. Enfin, la vigilance cyclonique deviendra "PRE-ALERTE CYCLONIQUE" afin d'éviter la confusion avec le système de vigilance pour Evénement Météorologique Dangereux (vigilance forte pluie, forte houle, vent fort et orage).

FAKIR fossoyeur d'alerte?

Ce voyage à travers le temps permet de se rendre compte à quel point le système d'alerte cyclonique de la Réunion à évoluer. Aussi bien l'évolution technologique, que les événements troubles ou autres polémiques auront été le moteur de son évolution. 

FAKIR aura-t-il la peau du système actuel en vigueur depuis le milieu des années 90? Les prochaines semaines nous le diront.

PR

Source : L’île de La Réunion sous l’œil du cyclone au XXème siècle - Isabelle Mayer Jouanjean

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