Saison cyclonique 2025/2026 en panne dans le Sud-Ouest océan Indien : pourquoi ?

Le 16/12/2025 à 14:28 0

Après des débuts tonitruants, marqués par une précocité rarement observée, la saison cyclonique 2025/2026 est plongée dans un profond sommeil depuis le mois d’octobre. Pourquoi, et jusqu’à quand ? Éléments de réponse ici.

Calme plat depuis CHENGE

Après une saison cyclonique 2024/2025 éprouvante pour les terres habitées, les habitants du Sud-Ouest de l’océan Indien attendaient avec appréhension la suivante. Et il faut dire que l’activité anormalement précoce observée dès le mois de juillet n’avait rien de rassurant. Rappelons que l’activité cyclonique a été constante de juillet à octobre : DT n°1, tempête Awo en août, Blossom en septembre et Chenge en octobre.

Avec le mois de novembre et l’entrée dans le début théorique de la saison, la suite logique aurait été une poursuite, voire une accélération, de cette activité. Que nenni.

Depuis la tempête tropicale Chenge, le bassin du Sud-Ouest de l’océan Indien affiche un zéro pointé en termes d’activité cyclonique. Le mois de novembre a fait chou blanc et la première moitié de décembre s’inscrit dans la même veine. Un énorme coup de mou qui, au final, ne surprend pas.

Les différentes tendances hebdomadaires que nous avons publiées depuis le mois d’octobre suggéraient une activité en berne en novembre, et au moins durant une bonne partie du mois de décembre. L’observation en situation opérationnelle au cours des dernières semaines est venue confirmer ces tendances.

Les différents boosters d’activité au point mort

Une fois ce constat posé, l’essentiel est d’en expliquer les causes. Concernant le mois de novembre, ce déficit s’explique par un contexte intra-saisonnier défavorable. En effet, les phénomènes ondulatoires connus pour renforcer le potentiel de cyclogenèse n’ont pas été au rendez-vous le mois dernier. À cela s’est ajoutée une structure anormale des vents sur le bassin, avec une inversion de la mousson qui ne s’est pas produite.

Durant le mois de décembre, une situation similaire s’est présentée. Pire encore, une anomalie d’est persistante s’est installée, avec un alizé qui continue de fonctionner comme s’il était toujours en hiver. Et pourquoi ? En raison d’une anomalie positive du champ de pression en surface, autrement dit d’un anticyclone plus présent qu’il ne devrait l’être à cette période de l’année.

Et pourquoi cet anticyclone fait-il de la résistance ? Il s’agit possiblement de la conséquence d’un dipôle subtropical positif. Mais nous n’avons malheureusement plus accès aux produits de Météo-France, qui étaient les seuls à proposer une tendance d’évolution de ce phénomène.

Enfin, pour les prochains jours, le contexte reste très cisaillé sur le Sud-Ouest de l’océan Indien, de quoi achever le moindre potentiel d’activité.

Ci-dessous trois figures pour étailler tout ce que nous venons dire :

Fig. 1 – Produit du Centre européen mettant en évidence une anomalie d’est (flèches pointant vers la gauche), défavorable à l’activité dans le Sud-Ouest de l’océan Indien – ECMWF.

Fig. 2 – Ce produit du Centre européen de prévision montre l’anomalie du champ de pression pour cette semaine. Il met en évidence une ceinture anticyclonique plus véloce que la normale pour cette période, à l’origine de l’anomalie d’est en cours – ECMWF.

Fig. 3 - Enfin, ce produit, toujours issu du Centre européen de prévision et mis en forme par Tropical Tidbits, montre une anomalie positive du cisaillement d’altitude pour cette semaine. Dans ces conditions, aucune perturbation initiale ne pourrait se développer dans un environnement aussi hostile.

Jusqu’à quand durera ce break ?

Forcément, la question qui intéresse le plus les internautes qui suivent nos analyses est la suivante : quand cela va-t-il se réactiver ? Difficile d’apporter une réponse claire. Les produits d’ensemble hebdomadaires sont relativement fluctuants, avec des signaux instables, signe d’une situation future encore floue.

Toujours est-il que le potentiel d’activité est suggéré comme inférieur à la normale climatologique d’ici à la fin de l’année. Si activité il devait y avoir, elle pourrait éventuellement provenir d’un système en provenance du bassin Sud-Est de l’océan Indien, notamment de la zone suspecte 93S, située à environ 400 km au sud de Java. Mais tout cela reste encore très incertain.

En résumé, une résurgence de l’activité durant ce mois de décembre n’est pas totalement exclue, mais demeure très incertaine. Plus nous avancerons dans le cœur de saison, plus le contexte redeviendra mécaniquement propice à la cyclogenèse. À plus longue échéance, la mousson pourrait enfin faire son retour et renforcer le potentiel d’activité. À suivre…

Une bonne nouvelle pour Noël

Avec cette activité en panne pour la fin d’année, sauf surprise, il n’y aura aucune menace cyclonique pour les terres habitées durant les fêtes de Noël dans le Sud-Ouest de l’océan Indien. Attention toutefois : cela ne signifie pas qu’il fera beau, c’est une autre histoire.

À ce stade, la situation synoptique simulée pour la période des 24 et 25 décembre pourrait, selon certains scénarios, favoriser des conditions instables et pluvieuses sur plusieurs secteurs du bassin. Nous ferons d’ailleurs un point spécial Noël régulièrement au cours des prochains jours.

Dans tous les cas, il s’agit bien de la saison cyclonique, et il convient de s’informer régulièrement de l’évolution de la situation, même en l’absence d’activité.

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