Situation en cours
Depuis plusieurs jours, tous les projecteurs sont tournés vers la mer des Caraïbes. Et pour cause : une nouvelle page de l’histoire des catastrophes cycloniques qui ont marqué les Caraïbes s’écrit actuellement sous nos yeux. Melissa ! C’est par ce doux nom qu’est identifié le monstrueux cyclone qui se prépare à balayer de toute sa puissance la Jamaïque.
Au moment de la rédaction de cet article, Melissa présente des caractéristiques affolantes. Ce lundi matin 27 octobre, l’ouragan frise la perfection en termes de signature satellite. La convection principale est d’une redoutable symétrie avec des sommets très froids. Au cœur, on découvre un œil d’une définition remarquable. Par ailleurs, le système est particulièrement concentré avec un cœur compact.
Bref, Melissa c’est la beauté du diable, un phénomène dont l’esthétisme est aussi spectaculaire que sa dangerosité.

Pourquoi l'ouragan Melissa a atteint une telle intensité ?
Le cyclone a profité d’un alignement des planètes pour devenir le 3e ouragan de catégorie 5 de cette saison 2026, au même titre que Erin et Humberto. D’une part, le système évolue sur une mer particulièrement chaude (surface de l’eau à 30°C). D’autre part, la dynamique d’altitude est favorable avec un puissant canal d’évacuation côté Nord et un cisaillement faible.
La combinaison de tous ces facteurs environnementaux ont permis à Melissa d’atteindre le sommet de l’échelle d’intensité de Saffir-Simpson. De plus, la taille concentrée du système peut également expliquer cette facilité avec laquelle il s’est intensifié au cours des derniers jours.
Il est à noter que la lente évolution de Melissa en mer des Caraïbes n’a pas eu d’incidence sur l’ouragan. Le potentiel océanique disponible étant exceptionnel, le carburant qui alimente cette incroyable machine de destruction massive semble inépuisable.
Melissa adopte le pire scénario de trajectoire pour la Jamaïque
Nous aurions pu observer cet ouragan avec nos yeux de passionnés. Malheureusement, la prévision de trajectoire promet des lendemains terribles pour des terres habitées. Dans les heures qui viennent, l’effet de la dorsale de moyenne troposphère située à l’Est du système se fera de plus en plus marquée, devenant le moteur du déplacement à venir. Ainsi, après avoir suivi un mouvement plutôt erratique et lent, Melissa se mettra à bouger franchement vers le Nord. Et au Nord, il y a la Jamaïque. De fait, il ne fait plus de doute que Melissa traversera les terres jamaïcaines du Sud au Nord. L’atterrissage devrait se faire dans la nuit de lundi à mardi à proximité de Great Bay.

Un scénario d’impact catastrophique pour la Jamaïque
Le pire scénario se dessine pour l’île. En effet, c’est un ouragan de catégorie 5 avec des vents soutenus sur une minute de 259 km/h et des rafales supérieures à 300 km/h qui pourrait frapper la Jamaïque.
- Vents : destructeurs, rafales pouvant dépasser allègrement les 200 km/h sur les zones directement traversées par le mur de l'œil.
- Pluies : diluviennes entre 500 et 700 mm attendus sur l’épisode voire plus sur les reliefs de l’Est de l’île, pouvant engendrer des crues soudaines catastrophiques et des glissements de terrain.
- Mer : houle cyclonique magistrale et marée de tempête mortelle pouvant atteindre 2 à 4 mètres sur les côtes Sud.
La Jamaïque a t-elle déjà été frappéE par un ouragan de catégorie 5 ?
Selon les archives de la NOAA, jamais la Jamaïque n’a été directement traversée par un ouragan de catégorie 5. Les seuls phénomènes de cette intensité ont transité sans que l'œil ne touche terre. Il s’agissait d’Allen en 1980 et d’Ivan en 2004. Autrement dit, Melissa pourrait bien être une triste première pour l’île si les prévisions d’intensité et de trajectoire se confirment.
Quoi qu’il en soit, la Jamaïque est un territoire régulièrement frappé. Selon les archives de la NOAA, on compte pas moins de 14 ouragans majeurs (catégorie 3, 4 ou 5) à avoir circulé à moins de 50 km de distance de l’île depuis 1913. Le dernier remonte à la saison dernière, avec Beryl qui avait transité à proximité immédiate du Sud de la Jamaïque entre le 3 et le 4 juillet 2024, faisant 4 victimes.

Ouragan ayant transité à moins de 60 km de la Jamaïque avec une intensité de catégorie 5. Allen en 1980 a transité au Nord et Ivan en 2004 au Sud. Dans les deux cas, pas d'atterrissage sur l'île - Source : NOAA
D’autres terres habitées sous la menace de Melissa
La Jamaïque n’est pas le seul territoire habité qui sera dans la gueule de l’ouragan. En effet, sur son périple qui s’annonce destructeur, d’autres îles de la Caraïbes seront impactées, dont voici un résumé rapide :
Sud-Est de Cuba
- Arrivée prévue : mardi soir
- Vents : force tempête dès mardi matin, et force ouragan mardi soir
- Pluies : 250 à 500mm, localement plus, avec risque de crues et glissements de terrain
- Marée de tempête : jusqu’à 2 à 3m sur la côte sud-est.
Haïti (Sud)
- Période d’impact : mardi soir et mercredi
- Pluies : 200 à 400 mm, localement plus, risque élevé d’inondations et de glissement de terrain, notamment sur les pentes du Sud d’Haïti
- Vents : force tempête dans le Sud
Sud-Est des Bahamas / Turks et Caicos
- Période d’impact : mercredi
- Vents : force tempête à ouragan possibles
- Pluies : 100 à 200 mm, risque d’inondations locales
- Marée de tempête : non exclue sur les côtes sud et est de l’archipel
Îles Caïmans / Bermudes
- Effets indirects : fortes houles et courants marins dangereux au cours des prochains jours
Une saison des ouragans 2026 sur la fin
Melissa est le 13e système de cette saison des ouragans 2026. Si les tendances d’activité d’avant saison anticipaient une saison active, pour l’heure, elle se situe plutôt proche de la norme. Melissa entre dans le top 3 des ouragans les plus intenses de la saison à égalité avec Erin et Humberto. Enfin, pour rappel, la saison des ouragans dans l’atlantique s’étale généralement de juin à novembre avec un pic d’activité d’août à octobre.