Dora fev 2008

Dipôle océan indien positif fort et saison cyclonique

Le 15/10/2019 à 11:47 0

Dans Le coin expert

15 octobre 2019 : 07 UTC - L'océan indien se trouve dans un contexte de dipôle positive d'une amplitude remarquable. Ce phénomène dont le pic est observé durant le printemps austral, peut avoir une influence sur la saison cyclonique. Retraçons les saisons passées qui furent précédées d'un dipôle similaire à celui observé en 2019.

Dipôle Océan Indien 2019 particulièrement fort

La période actuelle est particulière pour les spécialistes ou prévisionnistes cyclone de l'océan indien Sud-Ouest. Durant cette phase d'intersaison (Septembre/Octobre/Novembre), tous scrutent le moindre indice qui permettrait d'établir un scénario approximatif sur les tendances de la saison cyclonique 2019/2020. Le dipôle océan indien (IOD) qui atteint actuellement son pic, fait parti de ces marqueurs. Ce phénomène d'échelle régionale, qui à l'image d'ENSO se caractérise par une anomalie de la température de la surface de la mer, peut influer sur la saison cyclonique en approche.

Iod1 1Cette année, le dipôle connaît une phase positive (anomalie chaude côté Ouest de l'océan indien) d'une ampleur comme on en voit pas souvent. Selon le Bureau Of Meteorology australien, l'indice IOD est à +2.15°c. Une telle amplitude, dépassant +2°c à l'index IOD, n'a semble t-il plus été observée depuis le printemps austral 1997. Étant donné l'interaction potentielle entre IOD et saison cyclonique, recensons les saisons du bassin Sud-Ouest de l'océan indien, qui se sont déroulées après un IOD d'une amplitude similaire, c'est à dire avec un index supérieur à +2°c.

Les premières données disponibles remontent à 1958. Ainsi, au cours de ces 60 dernières années, on ne compte que 4 saisons cycloniques du bassin Sud-Ouest de l'océan indien (1961/1962, 1972/1973, 1994/1995 et 1997/1998) précédées par un IOD positif avec un index supérieur ou égal à +2°c, comme c'est le cas cette année. Regardons en détail chacune de ces saisons.

L'année de jenny et Lydie

1961/1962

Saison cyclonique 1961 1962Au cours de la saison 1961/1962, qui se déroula dans un contexte El Nino/La Nina neutre, 12 systèmes ont été baptisés, ce qui est au-dessus de la normale saisonnière (10 systèmes en moyenne par saison). L'activité s'est concentrée sur la partie centrale et Ouest du bassin, tandis que les trajectoires observées ont été relativement variées. L'événement marquant de cette saison fut le passage éclaire et dévastateur du cyclone Jenny à l'île de la Réunion en Février 1962.

1972/1973

Saison cyclonique 1972 1973La saison 1972/1973, sous contexte la Nina faible à neutre, fut plutôt active avec 13 tempêtes nommées. Au cours de cette saison cyclonique, on ne constate pas de zone de cyclogenèse privilégiée. Même topo pour les types de trajectoire qui furent variés. On remarque tout de même une majorité de système sur la partie centrale à Ouest du bassin.

C'est une saison pénible pour Rodrigues qui subit l'impact de 4 cyclones. Le cyclone très intense Lydie marqua également de son empreinte l'histoire du bassin par son intensité. Malgré un passage éloigné à l'Ouest de la Réunion, l'île fut sévèrement affectée par des pluies diluviennes meurtrières (10 morts) et des rafales qui dépasseront les 150 km/h localement sur les reliefs.

El Nino plus fort que l'IOD en 1997/98

1994/1995

Saison cyclonique 1994 1995Le nombre de système baptisé au cours de la saison 1994/1995 qui cette fois-ci se déroule dans un contexte de grande échelle El Nino modéré, est proche de la normale (11 systèmes ayant atteint les critères de baptême). L'activité est décalée sur la partie centrale à Est du bassin, avec des trajectoires majoritairement méridiennes ou paraboliques. Le zonage de l'activité a exposé les Mascareignes, notamment Rodrigues qui verra plusieurs phénomènes transiter à proximité, dont Albertine dès le mois de décembre1994.

En revanche, Madagascar qui avait terriblement souffert des trajectoires zonales lors de l'exceptionnelle saison 1993/1994, aura cette fois-ci l'occasion de souffler. Le décalage de l'activité vers l'Est, couplé à des trajectoires plongeant rapidement vers le Sud-Ouest ou le Sud, ont été favorables à la Grande Île. À noter que cette saison fut active en termes d'intensité. Sur l'ensemble des systèmes suivis, 5 ont atteint le stade de cyclone tropical dont 4 intenses. Marlène qui clôtura la saison, fut le cyclone le plus intense.

1997/1998

Saison cyclonique 1997 1998Contrairement aux saisons précédentes ayant succédé à un IOD significatif, 1997/1998 fut faiblement active. C'est même une des moins actives de l'histoire du bassin Sud-Ouest de l'océan indien. En cause, un contexte El Nino record, qui a littéralement dicté sa loi à l'échelle du globe. En tout, 8 systèmes ont atteint les critères de baptême, dont une tempête précoce non baptisée au cours du mois de Juillet 1997.

Dans ce contexte, la majorité des systèmes ont évolué sur la partie Est du bassin, tout en ayant eu les peines du monde à s'intensifier, en raison d'un environnement durablement cisaillé. À part Maurice qui eut des sueurs froides avec Annacelle au mois de février 1998, les terres habitées sont restez relativement loin de tout danger.

Quand est-il de la saison 2019/2020 ?

La saison cyclonique 2019/2020 se déroulera donc à la suite d'un IOD fort et dans un contexte ENSO plutôt Neutre, selon le consensus des modèles de prévision. Cette situation est donc, a priori, favorable à une activité plutôt localisée sur la partie centrale à Ouest du bassin. Quand aux trajectoires, un mix entre type méridien et parabolique pourrait être observé.

Bien entendu, tout cela ne dit rien du risque pour les terres habitées comme du niveau d'activité de la saison. En revanche, un IOD aussi marqué positivement peut diminuer l'activité sur la partie Est du bassin, qui est habituellement la zone de cyclogenèse privilégiée en début de saison. C'est probablement la raison qui explique pourquoi, le SWIOCOF envisage une saison avec un nombre de système baptisé proche à inférieur à la normale.

Tout cela ne sont que des perspectives globales, auxquelles il est nécessaire de prendre du recul. Rappelons que les facteurs environnementaux (cisaillement, divergence) ou intrasaisonnier (MJO), sont essentiels au développement de l'activité cyclonique. Et ça, il est impossible de le simuler des mois à l'avance.

PR

Source : JAMSTEC // BOM // NOAA

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