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"Comprendre les nuages", thème de la Journée mondiale de la météorologie 2017

Le 23/03/2017 à 11:10

Dans Infos Climat

Ce jeudi 23 mars est la journée mondiale de la météorologie. Celle-ci commémore tous les ans, l'entrée en vigueur de la convention portant création de l'organisation mondiale de la météorologie (OMM). Le thème cette année est "comprendre les nuages". Météo France Océan Indien nous explique l'enjeu qui se cache derrière ce thème.

L'observation et la modélisation des nuages

Ce mercredi 22 mars, nous étions conviés par Météo France Océan Indien, à participer aux petits-déjeuners de la presse, consacré au thème de la journée mondiale de la météorologie 2017 qui est "comprendre les nuages". Au delà de l'aspect purement rêveur et esthétique, la compréhension des nuages est un enjeu important pour la "modélisation de la météorologie à court terme et pour la climatologie à long terme" souligne Météo France. Des études sur les nuages sont conduites à la Réunion par le Laboratoire de l'Atmosphère et des Cyclones (LACy) au sein de l'Université de la Réunion, avec deux branches distinctes qui sont l'"observation" et la "modélisation". La Réunion étant concernée par les cyclones tropicaux et par des épisodes pluvieux pouvant être brusques et intenses, l'observation ainsi que la modélisation des nuages est primordiale.

La modélisation un enjeu majeur

Après avoir été longtemps à la traîne malgré le fait que l'île détient de nombreux records de pluviométrie, la Réunion dispose à présent de plusieurs outils performants pour l'étude des nuages. Le déploiement du radar à diversité de polarisation à Piton Villers en 2011, la construction en 2012 de l'observatoire atmosphérique du Maïdo par le CNRS et l'Université de la Réunion, ainsi que la mise en place en 2017 par le LACy d'un site expérimental dédié à l'étude de la microphysique nuageuse au sein de l'Université de la Réunion, permet aux chercheurs locaux de disposer d'un dispositif quasi sans équivalence au niveau mondial, pour l'étude et la compréhension des nuages tropicaux, indique Météo France. A noter que le radar de Piton Villers, est à ce jour le seul radar de ce type dans tout l'hémisphère sud selon les ingénieurs de la station du Chaudron. Celui-ci permet notamment d'améliorer les performances des modèles de prévisions du temps et de mieux comprendre le processus de formation et électrisation des nuages tropicaux.

De nombreux équipements pour l'étude de la microphysique nuageuse

Le LACy dispose de plusieurs instruments nécessaires à l'étude de la microphysique nuageuse à la Réunion. Il y a tout d'abord le radar nuageux BOB (Basta Of Bourbon) qui est à visée verticale et qui permet d'étudier avec précision la partie froide d'un nuage, élément fondamental notamment pour les cyclones. Il y a ensuite le Lidar aérosol MARLEY, qui utilisé conjointement avec le radar BOB permet l'étude du processus de formation des nuages en zone tropicale. Elle dispose également de 3 "Disdromètres" qui mesurent avec précision la taille, la vitesse de chute et la forme des précipitations lorsqu'elles touchent le sol. Quant à la station du Maïdo qui est située à 2000m d'altitude, elle dispose de capteurs biochimiques et microphysiques, des capteurs d'éclaires, des lidars et radiomètres. L'observatoire du Maïdo est le plus important de tout l'hémisphère sud. 

A LIRE : AROME OI un nouveau modèle de prévision

La microphysique nuageuse joue un rôle majeur dans le processus de formation ou d'évolution des phénomènes météorologiques tel que les orages et les cyclones tropicaux. Il est donc important de développer des moyens de retranscrire de manière réaliste ces processus dans les modèles de prévision du temps. C'est ainsi que le LACy effectue des travaux pour le développement de modèles numériques spécifiquement adaptés aux régions tropicales, en priorisant la modélisation des cyclones. Le modèle à maille fine AROME Océan Indien est un exemple concret du résultat de ces recherches. Ce modèle qui a été déployé sur une partie du bassin sud-ouest de l'océan indien en 2016, a vocation à terme, d'être utilisé sur les territoires français concernés par le risque cyclonique (Mayotte, Antilles, Polynésie et Nouvelle Calédonie). Un deuxième modèle a également été développé conjointement par Météo France et le CNRS. Il s'agit du modèle communautaire Meso-NH qui dans sa version tropicalisée en developpement par le LACy, doit pouvoir représenter le processus permettant la formation des nuages tropicaux.

Radar de Piton Villers (image Météo France)

Radar de Piton Villers (image Météo France)

Distribution spatiale du grésil (graupel) dans le cyclone BANSI simulée par arome Indien et observée par satellite le 14 janvier 2015 à 00 (image Météo France)

Distribution spatiale du grésil (graupel) dans le cyclone BANSI simulée par arome Indien et observée par satellite le 14 janvier 2015 à 00 (image Météo France)

L'observation des nuages et les projets

L'observation nuageuse se fait grâce aux satellites. La couverture satellitaire du bassin sud-ouest de l'océan indien est principalement assurée par plusieurs satellites géostationnaires avec une coopération entre L'Europe, l'Inde et la Russie. Ce moyen est indispensable pour observer l'évolution nuageuse notamment pour le suivi cyclonique. Il est aussi indispensable dans le domaine aéronautique, dans la mesure ou certaines formations nuageuses comme les cumulonimbus sont responsables de turbulences souligne Météo France. A noter que le modèle AROME est capable de simuler la couverture nuageuse, en produisant une image satellite simulée.

Le projet Weather 3D

Le LACy a entrepris depuis 2016 des études pour le développement d'un outil, qui permettrait la modélisation en 3D, via des périphériques virtuels avec possibilité de manipulation des phénomènes représentés. Ce type d'outil futuriste, pourrait alors révolutionner la manière de travailler du prévisionniste en modifiant les méthodes et l'organisation du travail, en modifiant la perception et la compréhension des phénomènes météorologique, et enfin, en améliorant la collaboration entre pays de la zone. Voilà un projet ambitieux qui pourrait dans l'avenir profondément changer le métier de météorologue.

PR

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