Saisons cycloniques tardives, se méfier de l'eau qui dort !

La saison cyclonique 2021/2022 du Sud-Ouest océan indien est partie pour être une des saisons les plus tardives de l'histoire cyclonique du bassin. Le record de retard détenu par la saison 1998/1999 sera t-il battu (première tempête baptisée le 16 Janvier 1999) ? La question se pose de plus en plus, dans la mesure où les dernières tendances à long terme ne suggèrent aucune activité durant toute la première quinzaine de Janvier.

Avec cette absence totale de système (tempête ou cyclone), la saison cyclonique 2021/2022 a de forte chance d'aboutir sur un nombre de système observé en-dessous de la normale. Moins de système, moins de danger serions-nous tentés de dire ? Pas tout à fait. Les saisons ayant eu un démarrage au mois de Janvier (1998/1999, 2000/2001 et 2017/2018) n'ont pas forcément été de tout repos. Faisons un petit état des lieux.

Commençons par la saison cyclonique 1998/1999 qui semble présenter le plus d'analogie avec la saison actuelle. En effet, la saison se déroule dans un contexte de grande échelle marqué par un épisode La Nina dans le Pacifique, comme actuellement. Il aura fallu attendre le 16 Janvier 1999, pour voir la première tempête tropicale baptisée. Ce retard était tel que le Journal de l'Île de la Réunion titrait en une du 9 Janvier "Où sont passés les cyclones?".

Avec un nombre de système inférieur à la moyenne saisonnière (8) et une zone de cyclogenèse décalé sur l'Est du bassin, on pourrait croire que le risque était moindre pour les zones habitées. C'était sans compter sur le cyclone tropical DAVINA. Malgré une formation en limite de ligne de démarcation entre la zone de responsabilité de la Réunion et de l'Australie, le système traversera tout le bassin sur une trajectoire zonale d'école jusqu'au Mascareignes.

DAVINA transite à 15km de Maurice et 20km de la Réunion. Les îles soeurs s'en sortent bien, à la faveur d'une trajectoire qui fera évoluer le cœur du système au Sud, permettant d'éviter le demi-cercle dangereux. De plus, le phénomène était en phase d'affaiblissement, lors de son passage au plus près des îles.

La saison 2000/2001 démarre dans la nuit du 2 au 3 Janvier 2001, avec le baptême de la tempête tropicale ANDO. Il convient tout de même de préciser que la cyclogenèse associée à ce système avait débuté à la toute fin de Décembre. Premier système et première menace directe pour les terres habitées, en l’occurrence la Réunion. Le phénomène se renforce et devient un puissant et dangereux cyclone intense en approchant l'île.

Toutefois, la trajectoire finale est favorable pour la Réunion. ANDO évolue à environ 200 km au large Nord-Ouest du département tout en faiblissant. Si l'île enregistre une dégradation marquée et généralisée des conditions météorologiques (plus de 130 km/h à la Plaine des Cafres, pluies intenses sur les reliefs), l'impact est atténué par la distance relativement élevée du passage au plus près. On déplore tout de même 2 personnes décédées.

Enfin, terminons avec la saison cyclonique 2017/2018. AVA, premier système de cette saison, atteint le stade du baptême dans la nuit du 2 au 3 Janvier 2018. Là aussi, la cyclogenèse avait démarré à la toute fin du mois de Décembre. AVA atteint le stade de cyclone tropical et frappe de plein fouet l'Est de Madagascar dans les environs de Taomasina (Tamatave). La zone de calme centrale liée à l’œil du cyclone traverse la ville en milieu de journée.

Mais cette saison tardive sera aussi marquante pour les Mascareignes. Le 18 Janvier, la tempête tropicale BERGUITTA frôle l'île Maurice et apporte des pluies diluviennes et destructrices sur le Sud de la Réunion. Alors que tout le monde pense la saison terminée, un cyclone tropical éclair du nom de FAKIR, génère des conditions cycloniques sur l'Est de la Réunion en plein mois d'Avril. L'île n'avait plus été impacté aussi directement aussi tardivement depuis 1945.

En résumé, au cours de ces saisons ayant démarré au mois de Janvier, le risque cyclonique fut à chaque fois présent, avec même parfois des impacts directs sur les terres habitées. Nul ne sait ce qu'il adviendra pour cette saison 2021/2022. Mais une chose est sûr, les exemples passés montrent que la vigilance doit toujours être de mise y compris durant les saisons tardives ou peu active.

PR