L'actualité cyclonique mondiale est incontestablement marquée par l'exceptionnel épisode IRMA qui secoue actuellement le bassin nord atlantique. C'est donc tout naturellement que la question est posée de savoir si il était possible de voir ce genre de phénomène hors norme dans le bassin sud-ouest de l'océan indien. Selon Philippe Caroff la réponse est oui, même si cela n'est pas très fréquent. Dans le bassin, les cyclones tropicaux très intenses (CTTI) ayant une intensité équivalente ou approchant celle d'IRMA sont rares. Généralement, ces systèmes atteignent leur maximum d'intensité vers la latitude 15S, en raison du potentiel thermique disponible et de conditions environnementales en termes de vent plus favorables le long de cette latitude.
Selon les données du CMRS de la Réunion, aucun CTTI de ce type n'a touché les îles habitées de l'archipel des Mascareignes à cette intensité. C'est une chance que malheureusement n'a pas Madagascar étant donné sa position géographique. D'après Philippe Caroff, le nord-est de la Grande Île, vers Cap Masoala et Antalaha, se trouve pile sur cette fameuse ligne. Cette zone est donc la plus défavorable du bassin car la plus exposée à ces monstres de puissance. Ce n'est pas un hasard si des météores aussi mythiques que GERALDA (1994) ou GAFILO (2004) ont frappé cette région.

Le cyclone tropical très intense Geralda le 31 janvier 1994 vers 12utc noaa 2
Tout cela étant dit, le chef prévisionniste revient sur une étude réalisée par le CMRS de la Réunion qui a permis d'identifier une tendance à la migration vers le sud de cette zone où sont situées les maximums d'intensité cyclonique. Cette tendance assez générale observée également sur les autres bassins cycloniques de la planète, signifie concrètement que la zone d'intensité maximale des cyclones s'éloigne de l'équateur, pour se rapprocher des Mascareignes. Selon les termes de Philippe Caroff, cela pourrait ouvrir potentiellement la porte à ce que la Réunion et Maurice soient impactées par des cyclones d'une puissance supérieure à ceux connus historiquement.