Cyclone freddy une longevite potentiellement record

Pourquoi une telle longévité ?

Le 09/03/2023 à 15:21 3

Dans Infos Cyclone

L’organisation mondiale météorologique se penche sur le cas FREDDY. A t-il battu ou non le record de longévité détenu par l’ouragan JOHN depuis 1994 ? C’est la réponse que doit apporter un groupe d'experts qui planche sur le sujet. Mais comment expliquer cette longévité ? Tentative de réponse dans cet article.

Plus d'un mois d'activité !!

Le 6 février 2023, une tempête tropicale est baptisée FREDDY au Nord de l’Australie occidentale par le service météorologique australien. À ce moment, personne ne se doute que nous sommes partis pour un marathon cyclonique exceptionnel ! Plus d’un mois après, ce phénomène existe toujours. Il faut dire que ce système fait preuve d’une stupéfiante résistance. 

Son parcours jusqu’à présent est vraiment atypique. En premier lieu, il a réussi l’exploit de traverser tout l’océan indien Sud, d’Est en Ouest sur une trajectoire zonale d’école. C'est quand même pas loin de 8000 km à parcourir ! Puis, il a résisté à une traversée de Madagascar d’Est en Ouest. Et enfin, il a survécu à plusieurs jours sur l’Afrique australe.

Incassable !

Actuellement, FREDDY se trouve sur le Canal du Mozambique. Le météore a frappé une deuxième fois Madagascar faisant au moins 10 morts. À présent, il file vers le Nord-ouest, avec un deuxième atterrissage attendu sur le Mozambique. Pou rappel, le système y avait déjà causé la mort de 10 personnes selon le dernier bilan disponible en date du 6 mars.

Ce parcours et cette étonnante résistance attirent l’attention des spécialistes du globe. Mais comment expliquer une telle longévité ? Voici quelques éléments de réponse.

Un trajet favorable à une durée de vie longue

La vie de FREDDY peut-être divisée en deux parties. La première correspond à son périple à travers l’océan indien. Ce météore a suivi une trajectoire plein Ouest, tout d’abord le long du parallèle 15S, suivi d’un déplacement Ouest Sud-ouest au moment de circuler dans le secteur des Mascareignes. Sur ce cap, FREDDY est resté constamment dans une zone où les conditions environnementales ne furent jamais trop défavorables, permettant au système de garder une intensité variant entre le stade de cyclone, cyclone intense et même cyclone très intense.

Mais du coup, comment expliquer cette trajectoire zonale aussi rectiligne comme on en voit rarement ? La réponse se trouve dans les couches moyennes de la troposphère. En effet, une puissante et résistante dorsale subtropicale était en place durant tout le parcours de FREDDY, à travers l’océan indien Sud.

Même si quelques faiblesses étaient parfois observées, cette dorsale parvenait constamment à se reconstituer rapidement. Cette situation a donc favorisé une trajectoire Ouest à Ouest Sud-ouest, de l’Australie jusqu’au Mozambique. De fait, le phénomène n’a jamais eu l’opportunité de s’évacuer vers le Sud pour entamer une rédhibitoire cyclolyse. 

D’autre part, il est à signaler la structure particulière de FREDDY durant son périple entre l’Australie et les Mascareignes, qui l’a en quelque sorte préservé d’un environnement pas toujours optimal. Je rappelle que le cyclone a souvent été harcelé par un cisaillement d’altitude et une masse d’air relativement sèche. Pour s’en prémunir, FREDDY qui était un système particulièrement compact, a développé une sorte de bulle de survie.

Par ailleurs, le météore a semble t-il adopté par moment une structure de type annulaire, se matérialisant par un œil large et une convection centrale parfaitement symétrique. Ce type de signature est généralement associé à des systèmes plus résistants que la moyenne.

Une résistance à toute épreuve

Cette résistance est d’autant plus remarquable que FREDDY s’est retrouvé par deux fois au-dessus des terres. De la nuit du 21 février jusqu’à l’après-midi du 22 février, le système était sur Madagascar. Ce périple malgache l’a bien entendu sérieusement ébranlé. Toutefois, ce premier séjour sur la grande île fut rapide, à raison d’une vitesse moyenne de déplacement d’une vingtaine de kilomètres heure. La circulation dépressionnaire étant encore solide et bien définie, FREDDY s’est réorganisé dès lors qu’il a retrouvé les eaux du canal du Mozambique.

À l’arrière, une deuxième épreuve de force l’attendait. Le phénomène s’est retrouvé sur les terres de l’Afrique australe du 24 février après-midi jusqu’à la nuit du 1er mars. Durant près de 6 jours, FREDDY a dérivé sur le Mozambique et le Zimbabwe. Malgré cette période prolongée coupée de l’océan, la circulation dépressionnaire du système a résisté tant bien que mal, sans jamais se dissiper. On peut dire que c'était limite. Le vortex de basse couche commençait à montrer des signes de faiblesse avec une allure allongée, alors que celui-ci faisait son retour sur le Canal du Mozambique. De nouveau sur l’eau, FREDDY connaît illico presto une deuxième renaissance qui va l’amener jusqu’à atteindre une nouvelle fois le stade de cyclone tropical.

Ce périple dans le secteur Madagascar, canal du Mozambique, Afrique australe correspond à la deuxième partie de son périple. Désormais, il n’y a plus de déplacement zonal. On entre dans un type de trajectoire dit “erratique”. En gros, FREDDY se met à faire des va-et-vient ainsi que des boucles, donnant à la trajectoire des allures de gribouillage. Cette situation s’explique par le fait que le phénomène est ballotté entre des flux directeurs contraires. Tantôt la dorsale proche équatoriale le pousse vers l’Est, tantôt la dorsale subtropicale le repousse vers le Nord-ouest. Mais dans tous les cas, toujours pas d’évacuation vers le Sud. Dans ce contexte, le système reste dans une zone lui permettant au pire de continuer de subsister, au mieux de s’intensifier. 

Vers un record ?

L’Organisation Météorologique Mondiale a annoncé qu’un groupe d'experts était en train de mener une évaluation du parcours de FREDDY, pour déterminer si celui-ci avait battu le record mondial de durée de vie. Pour info, ce record est détenu par l'ouragan/typhon JOHN (31 jours en 1994). Dans cette optique, les experts devront vérifier combien de temps FREDDY est resté en dessous du stade de tempête tropicale, durant l’ensemble de son parcours.

En attendant, FREDDY s’en va frapper le Mozambique. L’atterrissage est envisagé “vendredi en fin de journée ou la nuit suivante probablement dans la partie ouest de la province du Zambèze à proximité de Quelimane” selon le CMRS de La Réunion. Il n’est pas exclu que le phénomène soit un cyclone tropical au moment de toucher les terres mozambicaines pour la deuxième fois.

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Commentaires

  • mille_jean-pierre

    1 mille_jean-pierre Le 14/03/2023

    dans_quelle_mesure_a_joué_le_réchauffement_climatique?...JP_Millet-navigateur
    patrabeson

    patrabeson Le 14/03/2023

    Il est toujours difficile de faire des liens entre des événements actuels et le changement climatique. La première chose que l'on peut dire c'est qu'il est normal de voir un cyclone en cette période de l'année dans l'océan indien Sud-ouest. Janvier/Février/Mars c'est le cœur de la saison cyclonique. La longévité peut-elle avoir un lien avec le changement climatique ? Là aussi difficile de faire un rapprochement.
  • Mia

    2 Mia Le 10/03/2023

    « Le système Freddy a pu profiter de toute la période de la M.J.O de la 2ème décade de Février et des différentes ondes sur son trajet. En effet en restant "tout la-haut" au 15ème parallèle, il a profité d'un Océan chargé en énergie d'Est en Ouest. Et oui, il n'a jamais pu descendre vers le Sud à cause des Hautes Pressions au Sud des Mascareignes et arrivant sur zone. Sa structure très compacte l'a rendu vindicatif des petits aléas de la troposphère, cela a été sa force, il a puissé en lui-même son énergie lorsqu'il "ne pouvait plus compter" sur l'humidité chaude de moyenne altitude injectant de l'air en son cœur et d'un Océan pas assez chaud en approchant des Îles sœurs, d’où un effondrement du mur de l’œil qui s'est très vite remplacé. Dans le canal du Mozambique, il fait très souvent plus chaud qu'à l'Est de Madagascar, il est normal que Freddy, une fois ressorti sur la surface maritime du Canal du Mozambique, par deux fois se soit ré-intensifié. Un cas d'école comme tant d'autres et qui ont fait du mal par le passé. Ici les Mascareignes ont pu en réchapper, ce qui n'a pas été le cas successivement pour nos Amis Malgaches et Mozambicains. Oui, Freddy, deux fois C.T.I en une seule existence de plus d'un mois fera coulé de l'encre à jamais !!!! »

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